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symbole du patrimoine souiri
Le musée d’Essaouira a été inauguré à la fin de l’été 80 lors du premier Festival musical d’Essaouira, et, à cette occasion, Boujemaâ Lakhdar en a été nommé conservateur. Il en a fait un musée ethnographique des traditions et des arts populaires, encore très vivants au Maroc, ainsi qu’un lieu de rencontre culturel intense.
Ce monument, ancienne résidence du Pacha puis mairie sous le protectorat, daté du 19ème siècle, a été réhabilité et rénové durant six années afin d’offrir un nouveau parcours scénographique au musée, qui, enrichi par de nouvelles collections issues du patrimoine culturel et naturel de la médina et de sa région, présente un bel ensemble sur les arts berbères, arabes ou juifs, influencés par les différents apports européens. L’objectif du musée est de présenter Essaouira comme berceau des civilisations et de montrer les savoirs faire de tous ses groupes ethniques. Lors de cette restauration, notons tout particulièrement la mise en valeur de la porte principale et des éléments architectoniques en pierre de taille caractérisant l’architecture domestique dans la médina d’Essaouira, véritable musée d’histoire en plein air.
Ses collections, à caractère ethnographique, datées du 17e au 20e siècle, sont riches et variées, mémoires des métiers traditionnels considérés comme spécifiques à la ville et à son aire culturelle régionale : bois, marqueterie, renommée de l’artisanat local, bijoux ciselés ou gravés, colliers qui se distinguent par la forme, les signes et la technique de fabrication, pendentifs en forme de main, bijoux de femmes berbères, boucles d’oreilles, colliers, boucles de ceinture, bagues, bracelets, khelkhales..., tissage, tenues traditionnelles, outils de travail du bois ou du tissage, ainsi que des armes, à la fois outils d’ornement et de protection.
Le patrimoine musical est largement présent avec une collection d’instruments de musique, exposés suivant leurs fonctions liturgiques et socio- religieuses, liés aux différentes confréries (Gnaoua, Hamadcha) et aux pratiques musicales traditionnelles (melhoun, musique andalouse, ahouach) qui accompagnent réjouissances et cérémonies partout dans le pays. Dans le patio, au rez-de-chaussée, Essaouira et sa région au début du 20e siècle se dévoilent par le biais de photographies anciennes.
Le musée possède des documents-papier, pour certains très anciens, mais dans un tel état de conservation qu’il est impossible de les présenter au public. L’humidité, les mauvaises conditions de stockage ont eu raison des manuscrits, essentiellement des contrats de vente ou d’achat, des textes coraniques ainsi que des talismans juifs ou musulmans.
Star du musée et unique au Maroc, une amphore complète datée du 3e ou 4e siècle AP J.C., issue de la mer Egée et découverte lors de fouilles archéologiques entre l’île du Pharaon et l’île de Mogador, partage la vedette avec les panneaux de bois peint et des meubles de thuya.