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Plaintes, rédactions d’actes juridiques, contrats locatifs, courriers administratifs ou amoureux, conseils, les écrivains publics sont sollicités par de nombreux citoyens et ont encore de beaux jours devant eux malgré l’outil informatique qui les détrône.
Ils peinent à joindre les deux bouts, ne maitrisent parfois pas totalement les traductions en langues étrangères mais ont le mérite d’exister !! Loin d’être de simples rédacteurs, leur apprentissage sur le tas leur permet de faire également du conseil. Outil informatique, assistants diplômés, traduction... le métier évolue.
A Essaouira ils sont encore quelques uns, plusieurs groupés sur la petite place à la sortie Nord de la ville, qui jouxte la rue Massira. Les clients ici sont peut être moins rares qu’ailleurs et viennent souvent de la campagne avoisinante, là où l’illettrisme est plus fréquent.
Un minuscule bureau qui a fait son temps, une vieille machine à écrire et un ordinateur qui l’est tout autant, un cendrier, des verres de thé. Pour tuer l’ennui, les écrivains grillent une cigarette ou se passent un journal en arabe. Leur profession n’est pas réglementée, les autorisations pour exercer le métier s’héritent de père en fils ! Souvent ils ont un baccalauréat mais ne maitrisent pas le français, ou l’anglais ou une autre langue. Ils se renvoient les clients d’une boutique à l’autre.
Les premiers écrivains publics étaient les talbas, ceux qui connaissent le coran par cœur, par la suite certains firent des études. Parfois les clients défilent, attendent et conversent à voix basse, échangent les nouvelles, tandis que l’écrivain public prend des notes et écoute d’une oreille attentive pendant que son ou sa cliente expose son problème, sans intimité aucune, lui montre des papiers puis les remet dans un sachet en plastique et poursuit sa conversation, feutrée.
Tous les documents ne coûtent pas le même prix : l’écrivain public a une grille tarifaire allant de 25 à 150 DH, voire 200. Tout dépend de la longueur, donc de la quantité de papier et d’encre consommée mais également du temps que nécessite la rédaction d’un écrit, et, surtout, de l’effort intellectuel investi dedans. Compétences nécessaires : savoir écouter les gens et transcrire noir sur blanc, en langage cohérent, amoureux, administratif ou juridique ce qu’ils disent.
Tant qu’il y aura des courriers à rédiger les écrivains publics vivront, ici comme ailleurs dans le monde !